Fondée en 1962, la Cinémathèque de Grenoble est un lieu de conservation, de valorisation du patrimoine cinématographique ainsi que d’éducation à l’image.
Il s’agit d’une association qui regroupe des professionnels du cinéma et des cinéphiles, ouverte au public intéressé par le septième art.
Le patrimoine cinématographique implique la conservation d’éléments « film » et « non film ». Ses collections films comptent près de 8 500 copies argentiques (en 16mm et 35mm principalement), dont 3 500 courts métrages.
Les collections de la Cinémathèque de Grenoble comptent également plus de 5 000 ouvrages consacrés au cinéma, plus de 200 titres de périodiques et de revues, dont les plus anciens datent de 1916, ainsi que des milliers de dossiers d’archives et près de 24 000 affiches.
Chaque année, la Cinémathèque organise plus de 150 séances publiques, dont une centaine environ au cinéma Juliet Berto, qui sont régulièrement accompagnées de rencontres avec des professionnels ou des universitaires. Une vingtaine de séances hors les murs est également organisée dans la région, principalement en Isère.
La Cinémathèque organise également, depuis 1978, le Festival du Film court en Plein air. Il est le plus vieux festival de courts métrages en France, un festival unique de dimension international qui célèbre à la fois la création cinématographique actuelle et son patrimoine.
Deuxième à gauche sur la photo, Léon Cellier, Président du Ciné-club de Grenoble. À sa droite, Jean-Michel Barjo, membre actif du Ciné-club. Derrière lui, Jonny Ebstein, un doigt sur le visage et Michel Bercovier, avec une barbe. À droite, penché, Henri Langlois. Photographie : Le Progrès.
Histoire de la Cinémathèque de Grenoble
Par Vincent Sorrel
La première saison de la Cinémathèque française à Grenoble a été inaugurée en 1962 par Henri Langlois en même temps qu’une exposition consacrée à Georges Méliès et la présentation de ses films par son fils, André, comédien.
Au début des années 1960, le Ciné-club de Grenoble était l’un des plus importants de France. Le Centre Culturel Cinématographique, le Ciné-club universitaire, mais aussi les ciné-clubs implantés dans des quartiers (les Allobroges et Berriat) ou les ciné-clubs d’entreprises… témoignent d’une activité cinéphilique importante. Mandaté par l’UNEF (Union Nationale des Etudiants de France) dont il était le représentant au sein du ciné-club de Grenoble, Michel Bergovier a rencontré Henri Langlois et Mary Meerson au printemps 1962 dans l’objectif de créer une section grenobloise des Amis de la Cinémathèque française et organiser des projections régulières de films venant de ses fonds. L’exposition Méliès a eu lieu dans les locaux de l’A.T.A.C., une association qui oeuvrait pour la création d’une maison de la culture, et la première saison a également été marquée par la présentation du film Nosferatu de F.W. Murnau par Lotte Eisner. Les séances ont d’abord lieu au Centre de Documentation Pédagogique, dans des amphis universitaires utilisés également par les différents ciné-clubs, puis à la maison de la culture et enfin dans la salle des concerts avant que celle-ci devienne la salle Juliet Berto.
Michel Bercovier a ensuite rejoint Henri Langlois à Paris et c’est Michel Warren qui animait déjà une section des Amis de la cinémathèque française à Pau qui est venu à Grenoble en 1964 pour prendre le relais. Jonny Ebstein, qui était également le responsable culturel du ciné-club étudiant (l’A.G.E.G.), fut le premier Président de la section des Amis de la Cinémathèque française de Grenoble pendant que Michel Warren développait les activités de la Cinémathèque française de Grenoble en tant que délégué régional jusqu’à ce qu’elle devienne la Cinémathèque de Grenoble et qu’une association soit créée en 1983. Michel Warren en a été le premier Président de l’association.
Au milieu de cette effervescence cinéphilique des années 1960, on peut noter la présence de Jean-Pierre Beauviala comme secrétaire du ciné-club étudiants avant que l’ingénieur électronicien, étudiant, puis maitre-assistant à l’université crée Aaton. Mais aussi les cours de cinéma de Michel Philibert, professeur de philosophie au Lycée Champollion, les présentations de séances de Jean-Michel Barjols, qui est devenu réalisateur, comme Jean-Jacques Henry qui a été ensuite été responsable du département cinéma à la Maison de la culture, réalisateur, critique aux Cahiers du cinéma et producteur au sein d’Arte. Mais encore Jean-Louis Boissier, artiste et commissaire d’exposition et Serge Toubiana, critique, qui est devenu, par la suite, directeur de la Cinémathèque Française et aujourd’hui Président d’Unifrance. Enfin, Jean-Pierre Andrevon, écrivain, cinéaste et journaliste, qui programmait des films fantastiques et de science-fiction déjà au ciné-club étudiant, dont les articles, les archives et la mémoire nous aident à reconstituer l’histoire de la Cinémathèque de Grenoble.
Nicolas Tixier est devenu Président en 2009 et Guillaume Poulet a été recruté comme directeur la même année. La rénovation des locaux du 4, rue Hector Berlioz en 2014, marque une nouvelle époque pendant laquelle l’association culturelle à vocation patrimoniale s’est structurée avec le soutien des collectivités locales et du Centre National du Cinéma. La salle, rénovée en 1998, est devenue le cinéma Juliet Berto en 2015 sous la direction de Peggy Zeggman-Lecarme. En 2024, les spectatrices et spectateurs bénéficieront d’une nouvelle installation sonore en même temps que la Cinémathèque de Grenoble devient gestionnaire du cinéma Juliet Berto, premier jalon d’une rénovation conduite par l’actuelle directrice, Anaïs Truant.
Archives :
Fonds Michel Bercovier – archives Cinémathèque de Grenoble
Fonds Jean-Pierre Andrevon – archives Cinémathèque de Grenoble
Carte d’adhérent. Fonds Michel Bergovier.